Comment valorisons-nous l'art dans notre société et pourquoi ?

Les frontières entre l’artiste et l’artisan peuvent souvent être très minces. En effet, pendant la majeure partie de l'histoire, elles ont pratiquement été invisibles. Et c'est encore plus déroutant si vous êtes tatoueur.

Le débat sans fin sur la catégorie à laquelle appartient le tatouage génère des frustrations et des incompréhensions dans le domaine du tatouage. Des tatoueurs aux passionnés de tatouage, la pratique du tatouage est sans aucun doute une forme d'art importante. Cependant, les tatouages ​​ont encore du mal à être acceptés comme une forme moderne d'expression de soi et une carrière pour les personnes en dehors de ce domaine spécifique.

Une meilleure compréhension du savoir-faire du tatouage profitera à la sphère du tatouage pour être reconnue à sa juste valeur. Pour ce faire, les tatoueurs doivent également avoir une certaine perspective et comprendre l'écosystème plus large dans lequel ils choisissent d'évoluer.

Ce n'est que depuis la renaissance que le rôle de créer de l'art pour l'art a été séparé de l'artisanat

Aujourd'hui, le monde créatif est régi par des règles strictes et bien établies qui sont parfois mal comprises même par ses participants. Le marché de l'art, ou le côté capitaliste de l'investissement dans l’art, a eu un impact considérable sur la perception de la valeur de l'art et des artistes telle que nous la vivons aujourd'hui. À bien des égards, un artiste et un artisan partagent de nombreuses similitudes. Ce qui distingue un produit artisanal, une création temporelle, de ce que notre société appelle aujourd'hui l'art, c'est l'intemporalité et la pérennité du matériau utilisé.

Cette perception exclut toutes les performances visuelles temporelles telles que le cirque, la musique de rue ou le tatouage du marché de l'art. Beaucoup ont défini l'art comme un produit qui peut être valorisé et vendu sur un marché dont le prixi augmentera avec le temps. C'est pourquoi peintures et sculptures sont devenues les biens les plus prisés des acteurs financiers qui dominent le marché de l'art.

Alors, comment fonctionne ce marché, et quelles autres manières de créer des produits ou des performances peuvent être valorisées ?

Le marché du tatouage

La plupart des gouvernements veulent influencer le développement économique et culturel de leur pays dans la plupart des sociétés modernes. Ainsi, ils incitent leurs citoyens et les acteurs étrangers à utiliser leurs ressources financières et à créer de la valeur par l'investissement. Ils le font par le biais de politiques de communication publique et d'incitations financières comme l'exonération fiscale pour nous encourager à aller au-delà de l'épargne pure.

Les catégories d'investissement comprennent la stimulation de la croissance de l'emploi et l'élévation du niveau de vie en encourageant et en alimentant les entreprises prospères, en enrichissant et en valorisant leurs biens immobiliers, et par le biais des marchés financiers, une autre forme de financement des entreprises devenues publiques.

La politique et le gouvernement ont une idée légèrement étroite et dépassée de ce qui contribue et de ce qui ne contribue pas à la culture d'un pays.

Comme vous pouvez l'imaginer, la scène du tatouage ne fait pas encore partie de leur champ d'action, comme c'est le cas pour de nombreuses autres formes créatives d'art.

A côté de ces principaux mécanismes d'investissement, le marché de l'art offre aux investisseurs son approche unique. Il s'occupe exclusivement de l'acquisition et de la vente d'œuvres d'art qui résistent à l'épreuve du temps. Et s'il est réducteur et peut-être même antithétique de limiter une œuvre de création à sa valeur d'investissement, le marché de l'art en tant qu'échange financier a un rôle indéniable dans notre société moderne.

Elle permet aux artistes de vivre et de prospérer de leur talent et de leur travail. Et cela demande un niveau de compréhension et de respect. Investir dans des peintures et des sculptures réunit avant tout des profils d'acheteurs et d'intermédiaires passionnés par l'histoire de l'art.

Par exemple, les tatouages, comme d'autres formes d’art, ne sont pas considérés comme des créations qui peuvent durer à l'épreuve du temps. Par conséquent, les tatouages ​​ne peuvent pas être évalués sur le marché ou échangés. La propriété du tatouage appartient au tatoueur ou au client qui le porte. La propriété de la pièce tatouée n'est pas transférable et, à mesure que la peau vieillit, elle ne sera exposée dans un musée à aucun moment de la vie du tatouage.

Cependant, les tatouages ​​​sont une forme d'art visuel incroyable et les créateurs de tatouages peuvent en garder une trace en les prenant en photo ou en vidéo. 

Nous espérons un avenir où le marché tiendra compte de l’art du tatouage sur la base des photos tangibles qu'ils collectent au fil du temps.

Les arts hors du marché

De nombreuses formes artistiques reconnues, dont le tatouage, ne font pas partie de ce système fondé sur le marché. Ces apports créatifs sont connus, reconnus et font partie de notre patrimoine culturel depuis l'Antiquité. Les exemples incluent le théâtre, le cirque, la musique, les tatouages ​​et les performances en direct. Également, la mode et l'artisanat sont également des contributeurs importants à notre richesse et à notre patrimoine culturel.

Le marché de l'art limite l'utilisation des techniques et des supports, alors qu'il est dans la nature intrinsèque de l'artiste de tester et de repousser les limites de ce qui est possible. Les artistes veulent non seulement expérimenter et développer leurs compétences, mais ils veulent aussi exprimer leur vision du monde au plus près de leurs capacités. Les tatouages ​​sont une forme moderne d'expression créative choisie par des talents de nationalités et d'horizons divers.

De plus, la logique qui gouverne ce marché a tendance à décourager certains créateurs dont la contribution apporte une valeur tangible à leur communauté. Le marché de l'art fonctionne comme tout autre marché, géré par la dynamique de l'offre et de la demande et le principe de rareté. Plus elle est unique ou originale, plus la création a de la valeur. Et inversement, plus quelque chose est facilement reproductible, plus sa valeur diminue.

S'il est nécessaire de comprendre la logique du marché de l'art comme vecteur de création de richesses, il est tout aussi important de savoir s'en détacher et d'acquérir d'autres perspectives pour trouver sa propre voie et à son rythme d'artiste.

Tout comme de nombreuses entreprises fournissent des services et des produits exceptionnels qui permettent aux employés et aux indépendants de grandir et de travailler sans avoir besoin d'être cotés en bourse, les artistes le font aussi.

Seule une minorité d'entre eux entrent ou choisissent d'entrer dans ce domaine, et beaucoup travaillent entre les deux.

Les moyens d’expression

L'industrie a évolué pour fonctionner dans le monde du capitalisme. La valeur d'une pièce artistique varie considérablement selon le médium d'expression. Il est possible de catégoriser ces médiums en deux grandes familles : le matériel et l'immatériel.

Bien sûr, le marché de l'art a ses particularités, mais son fonctionnement reste ancré dans l'acquisition de capitaux. Il faut donc de la tangibilité pour apprécier la valeur du travail artistique. Cette tangibilité s'exprime par la valeur d'investissement d'une pièce créative. Et à son tour, la valeur dépend de trois facteurs généraux :

1. L’importance de l’artiste ou sa notoriété 
2. Le caractère unique de la pièce 
3. Sommes nous dans un modèle de distribution de masse ou de rareté ?

Il existe une forte opposition entre la grande distribution et le modèle de vente par rareté pour de nombreux artistes. La plupart du temps, un manque de compréhension de la dynamique de la grande distribution et la peur d'être dévalorisés conduisent de nombreux artistes à fuir les opportunités susceptibles de bénéficier à leur carrière.

Cependant, les grands distributeurs, les grandes marques et les multinationales travaillent en étroite collaboration avec des créateurs exceptionnels et des artistes individuels de renom. On voit souvent beaucoup de collaborations réussies qui mêlent grande distribution à création artistique unique, et à chaque fois le créateur et sa notoriété s'en trouvent valorisés.

Trop souvent, les artistes ont du mal à équilibrer le besoin de croissance artistique avec les commissions des clients et la responsabilité financière.

Ils sont convaincus que l'argent ne doit pas influencer leur pratique et cherchent à être reconnus et acceptés pour eux-mêmes et non comme des produits artistiques.

Une incompréhension du marché et de sa dynamique peut agrandir le fossé entre l'artiste et son public. Lorsque les artistes comprennent que le côté financier du marché est initié principalement par des acheteurs passionnés qui soutiennent profondément la création artistique, les choses deviennent plus accessibles.

Lorsque les artistes et les clients ont compris cela et qu’ils ont un lieu de rencontre approprié, les tatoueurs peuvent équilibrer leurs finances avec leur vie créative sans sacrifier leur travail ou leurs valeurs personnelles. Et chacun de nous, artistes, clients, salons, profitons de cet écosystème.

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